Le 26 mars 1984 est décédé le premier président de la Guinée, Ahmed
Sékou Touré dans une clinique américaine. Il s’agit bien l’audacieux homme qui a arraché l’indépendance de la Guinée des mains de la France, ou disons plutôt des mains de Charles de Gaulle. L’évènement est de taille puisqu’il va entraîner un véritable bouleversement sur la scène politique guinéenne. Mais, cela est un autre débat. Intéressons-nous plutôt à ce récit d’un enfant de 16 ans qui nous parle des premières heures du décès du plus grand président panafricain : Ahmed Sékou Touré.
Le collège-Lycée 2 Août, devenu Donka, était considéré en terme d’effectif des élèves à l’époque (5000 élèves), comme l’une des plus grandes écoles de l’Afrique de l’ouest.
En cette période, j’étais le vice-président de cette grande école et aussi le dernier vice-président du premier régime.
Ce poste de vice-président en termes de poids de l’école et de la structure de base de la politique de jeunesse à l’époque du régime de PDG RDA, comme étant le plus important poste des élèves de la Guinée.
Un vice-président du 2 Août était considéré comme le représentant du pouvoir central sur place au niveau des mouvements de la JRDA (Jeunesse). De sorte que même l’élection était présidée par les chefs politiques du comité central quelquefois. Par exemple, feu Sékou Oumar Diallo, ex-Directeur Général de l’OGP a présidé notre élection et où j’ai succédé à Sékou Kouyaté, homonyme de feu Ahmed Sékou Touré, et en compétition avec Mohamed Lamine Soumah (Journaliste à la RTG et au bureau de presse de présidence) qui était en terminale et moi en 12 ème année sciences sociales.
L’équipe d’un vice-président du 2 août (Actuel Donka) se nommait membre du CA. Cette équipe avait tout le pouvoir de gestion de tout sur place en lieu et place des cadres et enseignants de l’école.
Le samedi 24 mars 1984, dans la salle des fêtes de l’imprimerie Patrice Lumumba à Coléah (Mafanco), notre école, 2 août, organisait sa dernière soirée dansante de nuit du premier régime. A cette fête, étaient présents feu Maxime Camara de Hafia, époux de feue Hadja Aminata Touré, fille du défunt Président Ahmed Sékou Touré et Madame Marie Yombouno du Protocole de Sékhoutouréya.
Pour la 1ere fois, ce sont ces deux personnalités proches du pouvoir du premier régime qui nous appellent en pleine soirée dehors à l’aube du 25 mars 1984, après 00h du 24 mars 1984, pour nous faire part du voyage d’urgence et imminent pour raison de santé du feu Président Ahmed Sékou Touré pour les États Unis le 25 mars 1984. Au nombre de 6 personnes, nous nous sommes retirés discrètement.
Il y avait moi et deux membres du CA, Moussa Aye Kaba au Trésor, Youssouf Magassouba à la Sécurité, Madiou, garde de corps du vice-président. Feu Maxim Camara nous a dit de ne pas annuler le déroulement de la soirée et de garder le secret sur le voyage d’urgence du Président AST.
Voilà que le dimanche 25 mars 1984, moi étant acteur de scène dans la troupe théâtrale du lycée, j’étais sur scène très tard après minuit à la permanence de Conakry 2, avec Diouhairatou Diallo, dans la récitation sur la gloire, les acquis du Feu Président AST, sans savoir qu’au même moment il mourrait dans un autre continent.
A l’aube du 26 mars 1984, le doyen Célestin Camara, l’actuel directeur des Ballets Djoliba, nous fait signe.
Et voilà le grand lundi 26 mars 1984, moi personnellement, je me trouvais chez mes amis à Camayenne. Mes parents envoient quelqu’un me chercher. Ils me disent de venir vite à la maison que Ahmed Sékou Touré est mort, de n’en parler à personne, de me cacher dans la maison, de ne plus sortir et surtout ne pas en parler avec des voisins.
Devant l’écran noir et blanc de la TV de la RTG à l’époque, on passait intégralement les discours du Feu Président Sékou Tour en complet blanc. Ceci, pour éviter de créer le doute.
Mais honnêtement, je me souviens qu’à l’époque (le 26 mars 1984), j’avais 16 ans, 3 mois et 15 jours d’âge, le 26 mars 1984. Personne ne croyait à cette mort, à l’époque, pour le guinéen de notre génération, Sékou Touré ne pouvait pas mourir.
Si par erreur, tu disais à l’époque, que tu as appris la mort du Président AST, tout le monde te fuis à la seconde.
De ma naissance à maintenant, le monde que j’ai vu sur l’autoroute à l’arrivée du cercueil en fin mars 1984, au palais du peuple, jamais de la vie, la Guinée n’avait pu faire une telle mobilisation à pied, et j’ai rejoint cette foule à partir de l’autoroute au niveau de la SIG.
De ce périple historique, malgré mon jeune âge, j’ai pu être présent dans la nuit, parmi les militants et membres du BPN, dans la salle des congrès du Palais du peuple et les gardes royaux marocains, en compagnie de mon feu père qui représentait les syndicats de la CNTG et il était aussi militant du PDG.
Et le 30 mars 1984, les funérailles ont lieu, avec la présence d’une vingtaine de chefs d’Etats et le vice-président américain Georges Bush, qui est venu des États-Unis avec le cercueil.
Voilà en ce jour anniversaire des 40 ans de la mort du Président Ahmed Sékou Touré, mon témoignage personnel de l’élève vice-président du collège/lycée 2 août, actuel Donka.
Ce mardi 26 mars 2024, le 40eme anniversaire du décès de Feu Président Ahmed Sékou Touré, je présente à sa famille, au peuple de Guinée, au PDG RDA, au pouvoir en place en Guinée, le CNRD, aux hommes politiques, toutes mes condoléances.
ADIEU FEU PRÉSIDENT AHMED SÉKOU TOURÉ « AST »
NB: Pour nous qui étions des témoins oculaires, il est toujours conseillé de témoigner. Car, cela empêche le remplacement de la vérité par des mensonges sur notre vraie histoire.
Bon Ramadan 2024.