L’épidémie mondiale de choléra s’aggrave considérablement

11
SHARES
101
VIEWS

© UNICEF
Un agent de santé s’occupe des patients dans un centre de traitement du choléra au Malawi rural.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti mardi que l’escalade de la flambée de choléra s’est considérablement aggravée dans le monde. L’agence basée à Genève pointe du doigt deux facteurs, soient l’intensification des effets du changement climatique, tels que les sécheresses et les inondations, et un manque criant de financement pour lutter efficacement contre la flambée de choléra.

Plus de 25.000 nouveaux cas de choléra en mars

Cette alerte de l’OMS intervient alors qu’elle a classé, en janvier 2023, la résurgence du choléra dans la catégorie 3 des urgences, son niveau le plus élevé.

« Depuis lors, la situation n’a fait qu’empirer », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, le Dr Philippe Barboza, Chargé du choléra et des maladies diarrhéiques à l’OMS.

Au cours des dernières années les cas se sont multipliés dans le monde entier. Depuis le début de l’année 2023, près de 825.000 cas de choléra dont 5.900 décès ont été signalés dans une trentaine de pays, selon un décompte effectué le 31 mars 2024. Pour le seul mois de mars 2024, plus de 25.000 nouveaux cas de choléra ont été signalés dans 16 pays de deux régions de l’OMS.

Des données qui confirment des tendances notés ces dernières années. Selon l’OMS, 473.000 cas ont été signalés en 2022, soit deux fois plus qu’un an auparavant. Des données préliminaires indiquent que plus de 700.000 cas ont été signalés en 2023.

Effets des sécheresses et des inondations en Afrique

Ces chiffres sont particulièrement alarmants dans les régions de l’Afrique et de la Méditerranée orientale.

« L’OMS considère que le risque mondial actuel lié au choléra est très élevé et réagit de toute urgence pour réduire le nombre de décès et contenir les flambées dans les pays du monde entier », a fait valoir le Dr Barboza.

Le choléra, qui se contracte à partir d’une bactérie généralement transmise par l’eau ou des aliments contaminés, provoque des diarrhées et des vomissements et peut être dangereux pour les jeunes enfants. Selon l’OMS, la maladie se développe dans des environnements où l’assainissement et l’eau propre sont insuffisants.

Malheureusement, la crise climatique actuelle, caractérisée par des sécheresses et des inondations fréquentes dans les pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale, crée une situation idéale pour la propagation des épidémies de choléra. L’Éthiopie enregistre le plus grand nombre de cas (4.009) et le Zimbabwe (3.588 cas) pour le seul mois de mars 2024.

Pour le seul mois de mars 2024, plus de 25.000 nouveaux cas de choléra ont été signalés dans 16 pays de deux régions de l’OMS.
OMS
Pour le seul mois de mars 2024, plus de 25.000 nouveaux cas de choléra ont été signalés dans 16 pays de deux régions de l’OMS.

L’OMS approuve une version simplifiée d’un vaccin oral

« Alors que les effets du changement climatique s’intensifient, nous pouvons nous attendre à ce que la situation s’aggrave si nous n’agissons pas dès maintenant pour renforcer la prévention du choléra », a ajouté le Dr Barboza.

C’est dans ce contexte d’inquiétude que de nouvelles positives surgissent. Au 15 avril, le stock comptait 2,3 millions de doses, ce qui est certes inférieur à l’objectif mondial de cinq millions de doses, mais le stock n’est plus vide.

En outre, l’OMS a approuvé, au début de cette semaine, une version simplifiée d’un vaccin oral contre le choléra, qui devrait permettre d’augmenter la production totale de ces sérums face à l’explosion des cas dans le monde.

Le vaccin Euvichol-S est une formulation simplifiée d’Euvichol-Plus, avec moins de composants, ce qui devrait permettre de produire plus rapidement des volumes plus importants, a indiqué l’Organisation mondiale de la santé dans un communiqué diffusé vendredi. Il est produit par le groupe sud-coréen EuBiologics, dont l’OMS a déjà approuvé les vaccins Euvichol et Euvichol-Plus.

Manque de fonds criant face à l’explosion de cas

L’eau potable, l’assainissement et l’hygiène sont les seules solutions durables et à long terme pour mettre fin à l’épidémie de choléra

Même si l’offre mondiale de vaccins contre le choléra a été multipliée par 18 entre 2013 et 2023, la demande croissante a créé une pénurie mondiale. Actuellement, 23 pays signalent des épidémies de choléra.

Pour faire face à l’explosion de cas, l’OMS était passée d’une recommandation de deux doses de vaccin à une seule.

Toutefois, les vaccins ne suffiront pas à résoudre le problème souligne l’agence sanitaire mondiale.

Pour l’OMS, « l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène sont les seules solutions durables et à long terme pour mettre fin à l’épidémie de choléra et prévenir d’autres épidémies ».

Par ailleurs, cette crise est gravement entravée par un manque de financement. Depuis 2022, l’OMS a débloqué 16 millions de dollars de ses fonds d’urgence pour la lutte contre le choléra.

Sans une augmentation urgente des fonds, l’OMS cessera d’apporter un soutien essentiel, ce qui mettra davantage de vies en danger dans les 23 pays qui signalent actuellement des flambées épidémiques

Next Post