L’enquête « Dubai Unlocked », menée par un consortium de plus de 70 médias internationaux, a révélé que des centaines de personnalités africaines ont acquis illicitement des propriétés de luxe à Dubaï. Voici les principales conclusions de l’enquête concernant ces personnalités venues du Gabon, du Congo ou de Guinée équatoriale.
Plus de 100 ressortissants africains liés à des accusations de corruption, de détournement de fonds publics, de blanchiment d’argent et d’autres malversations graves possèdent des propriétés à Dubaï. Ces propriétés, d’une valeur totale de plusieurs milliards de dollars, ont été acquises à l’aide de fonds obtenus illégalement. C’est ce que révèle une enquête réalisée par 70 médias internationaux à partir d’une fuite de données.
Dubaï, avec ses règles de transparence financière laxistes et son système juridique opaque, est devenu un refuge pour ces individus. L’enquête met en lumière les failles des systèmes de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. Dans le monde en général, et en Afrique en particulier, permettant à des personnalités proches du pouvoir de détourner des fonds publics et de s’enrichir illégalement. Parmi les personnalités africaines nommées dans l’enquête figurent :
Des proches d’anciens chefs d’État et de gouvernement tels que Sani Abacha (Nigeria), Mobutu Sese Seko (République démocratique du Congo) et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale).
Des ministres et d’autres hauts fonctionnaires de pays comme l’Angola, l’Afrique du Sud, la Zambie et le Nigeria.
Des hommes d’affaires accusés de corruption, de fraude et d’autres crimes économiques:
Les gouvernements africains ont été contraints de prendre des mesures pour récupérer les avoirs volés et lutter contre la corruption. Les banques et les institutions financières ont été alertées sur les risques liés aux transactions impliquant des personnalités africaines exposées politiquement (PEP). Pour autant, le système perdure. Ainsi, l’enquête met en lumière le rôle de Dubaï en tant que refuge pour les criminels et les corrompus.
L’Afrique des politiciens corrompus
L’enquête « Dubaï Unlocked » révèle que des personnalités gabonaises, tchadiennes et congolaises ont investi des millions d’euros d’origine douteuse dans des propriétés de luxe à Dubaï. Parmi elles, Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon, a dépensé six millions d’euros en 2013 pour cinq appartements et deux villas. Nathalie Boumba-Pembe, belle-fille du Président congolais Denis Sassou N’Guesso, a acquis une villa de 700 mètres carrés pour 3,5 millions d’euros, en 2018, tandis que Raymond Zéphirin Mboulou, ministre de l’Intérieur congolais, a acheté une villa et deux appartements pour plus de trois millions d’euros, en 2016. Au Tchad, Mahamat Hissein Bourma, beau-frère de l’ancien Président Idriss Déby, a acheté plusieurs propriétés après avoir dirigé la société des hydrocarbures du Tchad. Isabel Dos Santos, fille de l’ex-Président angolais, vit également à Dubaï, échappant aux accusations de corruption et de détournement de fonds.
Il est important de noter que l’enquête « Dubai Unlocked » ne concerne qu’une petite fraction des personnalités ayant acquis des propriétés à Dubaï avec des fonds obtenus illégalement.
Maíra Martini, responsable par intérim de la politique et du plaidoyer chez Transparency International, a déclaré : « Avec de nombreux individus douteux qui semblent toujours posséder des propriétés aux Émirats Arabes Unis sans entrave ni enquête, le pays a encore un long chemin à parcourir pour prouver qu’il est capable de lutter diligemment contre la criminalité financière. Il est temps que les EAU démontrent leur engagement et ferment leurs portes à l’argent sale, en identifiant eux-mêmes les cas suspects et en partageant les informations avec leurs homologues étrangers ».
Une synthèse de Makhissa Soumah