Les difficultés récurrentes des États africains trouvent en partie leur origine dans la crise de l’autorité hiérarchique au sein des administrations fiscales. Cette crise se manifeste par une faiblesse notable du commandement. Les agents de terrain reçoivent rarement des directives précises, lesquelles pourraient engager la responsabilité de l’administration. En lieu et place, des consignes générales, telles que « améliorer le recouvrement », sont souvent transmises, ressemblant davantage à des déclarations de principe, parfois destinées à l’opinion publique.
Un manque de contrôle et d’évaluation des services internes de la part des autorités hiérarchiques est également observé. L’inspection générale des services fiscaux, dont la mission est de superviser et d’encadrer les activités des agents, ne parvient pas toujours à remplir efficacement ce rôle. Les comportements déviants sont rarement sanctionnés de manière dissuasive. Ainsi, au fil du temps et face aux défis actuels, l’administration fiscale prend une direction préoccupante.
L’absentéisme est un autre problème omniprésent, touchant l’ensemble de la hiérarchie. La comptabilisation des employés ainsi que la répartition des personnels entre les différents services donnent lieu à des divergences d’interprétation entre les responsables. Cette confusion est amplifiée par la présence d’auxiliaires non formés, dont le statut reste flou, travaillant dans l’espoir d’une future intégration définitive.
Tous ces dysfonctionnements ont contribué à alimenter, chez les citoyens africains, une tendance à la désobéissance aux lois. Cet esprit de résistance est encore plus marqué lorsqu’il s’agit de lois fiscales. La valeur d’une loi repose sur sa généralité, sa permanence et son impartialité. Or, en Afrique, la loi fiscale est souvent perçue comme n’étant ni générale, ni permanente, ni impartiale.
Dr BAH Aliou, Inspecteur Principal des Impôts