Le procès opposant l’ancien ministre des Mines, Ahmed Kanté, à l’homme d’affaires russe Alexandre Zotov continue de révéler des zones d’ombre. Ce lundi 3 février, au tribunal de première instance de Kaloum, la partie civile, qui accuse M. Kanté d’abus de confiance et de concurrence déloyale au préjudice de la société African Bauxite Corporation (ABC), a vu son argumentation mise à rude épreuve. De plus en plus, cette affaire apparaît comme une tentative désespérée de Zotov de masquer ses propres défaillances sous un écran d’accusations infondées.
Une accusation qui vacille sous le poids des faits
Depuis le début du procès, Alexandre Zotov s’efforce de convaincre la justice qu’Ahmed Kanté a saboté ses projets, entraînant une perte estimée à 50 millions de dollars. Cependant, une analyse approfondie des documents comptables et administratifs montre une toute autre réalité :
ABC n’a jamais été reconnue comme investisseur minier en Guinée, n’ayant ni titre minier ni autorisation délivrée par l’administration compétente.
Zotov s’est avéré incapable d’honorer ses engagements financiers : impayés sur les taxes superficiaires, défaut de paiement des droits fixes, et non-versement des avances sur royalties aux propriétaires des permis (AXIS et GBT).
Un projet en proie à des conflits internes : L’entreprise ERM, censée appartenir à ABC, a dénoncé les pratiques frauduleuses de Zotov, annulant plusieurs contrats, dont celui de construction des infrastructures. Son actionnaire majoritaire l’a finalement destitué après avoir découvert qu’il avait détourné des autorisations à son profit personnel.
Dès lors, l’image d’une victime de manœuvres illégales s’efface pour laisser place à celle d’un homme qui tente de dissimuler sa propre gestion désastreuse derrière une plainte sans fondement.
Un récit truffé d’incohérences
Les dernières auditions ont mis en lumière des contradictions flagrantes dans les déclarations de Zotov. Il a reconnu que :
ABC a été créée le 5 novembre 2018, et qu’il en est devenu gérant le 1er février 2019.
Les bilans comptables de 2021 et 2022 affichent un actif d’à peine 1 franc, une absurdité pour une entreprise prétendument dotée de millions de dollars d’investissement.
Mis devant ces incohérences, Zotov a peiné à justifier ses déclarations, avançant des erreurs comptables et des obstacles administratifs qu’il impute à l’ingérence d’Ahmed Kanté. Une défense confuse, qui ne parvient pas à masquer l’inexistence de preuves tangibles contre l’ancien ministre.
Une tentative de diversion de la partie civile
Face à l’effondrement de son argumentaire, la partie civile a tenté un changement de stratégie. Les avocats de Zotov ont insinué l’existence de liens professionnels obscurs entre leur client et Ahmed Kanté, sans toutefois produire le moindre document attestant d’une quelconque implication de l’ancien ministre dans la gestion ou la chute de ABC.
De leur côté, les avocats de la défense ont méthodiquement démonté chaque accusation, démontrant que ABC n’était rien d’autre qu’une coquille vide montée par Zotov, qui avait siphonné des autorisations obtenues par ER pour les réattribuer à ses propres entreprises. Mettant la partie civile au défi de fournir la moindre preuve, ils ont exposé l’absence totale d’éléments incriminants contre M. Kanté.
Un dossier de plus en plus fragile
Au fil des audiences, cette affaire prend des allures de cabale judiciaire montée de toutes pièces. Plutôt que d’assumer ses responsabilités, Alexandre Zotov semble avoir fait le choix de s’acharner sur un ancien ministre dont l’intégrité n’a jamais été remise en cause.
Confronté à l’absence de preuves solides, le tribunal a décidé de renvoyer l’affaire au 10 février pour la suite des débats. Jusqu’où ira cette tentative de discréditer Ahmed Kanté alors que toutes les preuves semblent pointer vers les errements de son accusateur ?
L’audience prochaine pourrait bien sceller définitivement le sort de cette affaire, qui ressemble de plus en plus à une manœuvre dilatoire plutôt qu’à une véritable quête de justice.