Conakry, avril 2025 – Par Oumar Diabaté
C’est un cri du cœur vibrant et alarmant qu’élèvent aujourd’hui les parents d’élèves de Guinée. À travers leurs témoignages, ils expriment une frustration profonde et une inquiétude croissante face à l’effondrement du système éducatif guinéen. Leur message met en lumière une série de dérives graves, interdépendantes, qui compromettent la qualité de l’enseignement et pèsent lourdement sur les familles.
Un système éducatif devenu prédateur
L’exploitation financière des parents d’élèves par certaines écoles privées est au cœur de leur dénonciation. Outre les frais de scolarité déjà élevés, s’ajoutent une multitude de coûts additionnels imposés sans justification claire : frais de révision, de bulletins, de tournois, de craies, de déjeuners pour les enseignants, et bien d’autres encore. Cette accumulation de charges arbitraires crée une pression insupportable, particulièrement pour les foyers modestes. Les parents dénoncent une forme de prédation encouragée, voire orchestrée, par des complicités entre enseignants et fondateurs d’écoles, au mépris du bien-être des élèves.
La corruption, poison du savoir
Plus inquiétante encore est la corruption systémique qui gangrène les établissements scolaires. La vente de sujets d’évaluation, la monétisation des notes ou des admissions, et la pénalisation des élèves refusant de s’y soumettre sont devenues monnaie courante. Ces pratiques entachent gravement l’équité, la méritocratie et les principes fondamentaux de l’éducation. « L’école guinéenne va à la dérive sous l’œil indifférent des autorités », dénoncent les parents, pointant un manque criant de contrôle et de volonté politique pour enrayer ces dérives.
Des structures représentatives en faillite
Les associations de parents d’élèves (APEAE), censées être des remparts et porte-voix des familles, sont elles aussi vivement critiquées. Accusées de passivité, centrées sur la collecte de cotisations plutôt que sur la défense des intérêts des élèves, leur utilité est remise en question. Beaucoup réclament leur dissolution et la mise en place de structures plus engagées et indépendantes.
L’inaction des syndicats éducatifs, perçus comme focalisés uniquement sur les revendications du personnel enseignant, est également pointée du doigt. Ces syndicats, tout comme les associations scolaires, sont appelés à élargir leur rôle pour défendre l’ensemble du système éducatif.
Une interpellation aux plus hauts niveaux
Le message des parents s’adresse directement au ministre de l’Éducation et à l’ensemble des cadres de son département, tant à Conakry qu’en régions. Il traduit un sentiment d’abandon et appelle à une action urgente et concrète pour sauver un système éducatif en perdition.
Des réformes urgentes pour un avenir à reconstruire
Les parents réclament des mesures fortes :
- Une reconnaissance officielle de la gravité de la situation ;
- Des enquêtes rigoureuses pour identifier et sanctionner les acteurs de la corruption ;
- Le renforcement de la gouvernance, avec des mécanismes de transparence et de contrôle ;
- L’implication active des parents, de la société civile, et des syndicats dans la refonte du système éducatif.
À travers ce témoignage, c’est un appel à la conscience nationale qui est lancé. La Guinée ne peut se permettre de sacrifier l’avenir de ses enfants. Il est temps de mettre fin à l’impunité et à l’injustice. Il est temps d’agir.