Il fut un pilier du développement local, une figure respectée au cœur du Kakandé. Aujourd’hui, Mamadou Bobo Diallo, plus connu sous le nom de Bobo Denken, semble tomber dans l’oubli, malgré les nombreuses actions qu’il a menées pour sa région et son pays.
Agriculteur passionné et homme de terrain, Bobo Denken n’a jamais attendu une quelconque reconnaissance pour servir. Son engagement désintéressé a permis de former, dans l’ombre, de nombreux cadres aujourd’hui aux commandes de l’administration publique. Homme de cœur et de conviction, il tendait la main sans rien attendre en retour – pas par intérêt, mais par principe.
À une époque pas si lointaine, des milliers de personnes faisaient le déplacement de Conakry, de Kamsar ou de Kolaboui pour simplement lui serrer la main. Aujourd’hui, ces foules se sont dissipées, et le silence a remplacé les échos de reconnaissance.
Bobo Denken n’a jamais fait de distinction entre les religions, les ethnies ou les origines sociales. Pour lui, un fils de Boké méritait soutien et encouragement, tout comme tout être humain dans le besoin. Il fut une référence pour les projets de développement de Boké, un conseiller sollicité et respecté, et une source de sagesse pour bien des programmes communautaires.
Mais son action ne s’est pas limitée à l’économie ou à l’agriculture. Bobo Denken a aussi joué un rôle essentiel dans la préservation et la valorisation du patrimoine culturel de Boké, notamment à travers le Sorsornet, rythme traditionnel profondément enraciné dans l’identité de la région. Il a soutenu artistes, danseurs et groupes culturels, contribuant à faire revivre ce rythme dans les grandes cérémonies, les festivals, et même au-delà des frontières de la préfecture. Grâce à lui, le Sorsornet a pu franchir les générations et rester un symbole fort de cohésion et de fierté locale.
Malgré ce rôle central, il n’a jamais été associé aux grandes décisions nationales ni rapproché du pouvoir actuel. Pourtant, Bobo Denken a encore l’énergie, la légitimité populaire et la capacité de rassembler les forces vives autour des projets du CNRD, au service des communautés du Kakandé.
Il est temps, Monsieur le Président, chers partenaires, de redonner à cet homme sa place. Dans une ère de mobilisation citoyenne, sa voix, son expérience et sa capacité d’action peuvent faire la différence. Il n’a jamais attendu l’aide de l’État ou d’une structure extérieure pour agir concrètement sur le terrain. Il l’a prouvé maintes fois, dans l’agriculture, dans la pêche maritime et dans la défense des valeurs culturelles.
Bobo Denken, c’est l’homme du concret, du résultat, de la proximité avec les populations. Il est un moteur pour Boké et pour la Guinée toute entière. Hier, il fut « Bobo de Boké ». Aujourd’hui, il peut encore l’être – et bien plus.
Reconnaître son mérite, c’est faire un pas vers une gouvernance inclusive, ancrée dans les réalités du terrain et respectueuse de notre riche héritage culturel.