La période additive des assises nationales axées sur les journées de Vérité et Pardon continue d’attirer dans la préfecture de Boké, des enfants et familles des victimes de spoliation de biens, domaines d’habitation ou agricoles.
C’est le cas de mr Raoul Bangoura, président de la Fédération des Exploitants Agricoles et Paysans de Guinée (FEAPG), membre du Bureau Exécutif de l’UGTG (Union Générale des Travailleurs de Guinée) et fils cadet de feu Camille Bangoura, l’un des pionniers de l’indépendance de la Guinée, le 2 Octobre 1958.
Venu de Conakry pour éclairer la religion des membres du Comité préfectoral des assises à Boké, Raoul Bangoura témoigne avec une mine très serrée, du dépouillement massif des domaines de son feu père :
« Je représente ici, la famille de feu Camille Bangoura, compagnon d’indépendance nationale. Nous sommes victimes de violation de propriété, des domaines spoliés et détruits entre la Cité industrielle et le Village de Kamsar dans les années 1992. Nous avons aussi perdu un terrain de 1.000m2 à Filima (Kamsar), alors que le domaine a été obtenu par mon père en 1956 mais spolié par l’Etat sans aucune compensation.»
Selon Raoul, «Le premier domaine abritait déjà 16 chambres construites par feu Camille bien avant l’indépendance de la Guinée. Cet acte a causé la misère et la pauvreté de la famille de mon père qui a dignement et loyalement servi ce pays. »
Visiblement déçu, Raoul a dressé une liste des personnes qu’il accuse être les responsables de cette spoliation. Parmi ces auteurs, on peut citer, Karim Kéira, ex Gouverneur de Boké, Salifou Sanè, ancien Secrétaire Fédéral du PDG/ RDA à Boké, Ousmane N’Diaye, Chargé de l’OFAB/CBG, le BPN, le Comité Central et le Gouvernement d’alors dirigé par feu Ahmed Sékou Touré, témoigne-t-il.
Dans le même témoignage, RAOUL BANGOURA a expliqué que la partie boueuse du même domaine qui avait été remblayé en 1986, a été de nouveau, morcelé par feu Paul Dora Bangoura, ancien président de la CRD de Kamsar en 1988.
A Filima, rappelle Raoul, « On a eu là-bas en 1992 mais le domaine avait été spolié en 1999 et remis à un certain Sayon Banaro qui avait été condamné par la Justice de Boké. Le verdict a été confirmé par la Cour d’Appel. Tout en condamnant les auteurs notamment, Sékou Chérif Bangoura, président de la CRD d’alors, la DP (Direction préfectorale) de l’Habitat de Boké.
Plus loin, le fils cadet de feu Camille Bangoura se défoule : « Je dénonce l’ingratitude et l’injustice de l’Etat envers mon père qui avait lutté pour l’indépendance de la Guinée et participé à la fondation de tous les grands mouvements syndicaux et politiques ayant permis à l’Afrique d’accéder à sa souveraineté. Il a été privé de tous ses droits à cause de sa franchise et sa loyauté. Et même les médias locaux n’en parlent pas. Pourtant, il a été le plus jeune de tous les 800 délégués africains à Bamako (Mali) en 1946, création du RDA. Et à l’époque, mon feu père n’avait que 18 ans. C’est une fierté nationale. On ne doit pas effacer le nom d’un compagnon de l’Indépendance…»
L’Etat guinéen, selon lui, «Est à l’origine de notre malheur. Donc, on ne peut pas pardonner sans que l’Etat ne reconnaisse et répare les torts.»
En ses termes, il demande humblement au Président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya de tout mettre en œuvre pour dit-il, «restituer les biens de mon père, feu Camille Bangoura dont la famille a été reconnue propriétaire légitime par la Justice guinéenne qui avait condamné l’Etat guinéen au payement d’un milliard de francs guinéens à la famille de Camille.»
« Il ne peut pas y avoir réconciliation sans réparation… » Conclut-il.
Mamadouba Camara