Commémoration des victimes de l’esclavage : Guterres réclame la mise en place d’une justice réparatrice

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ONU/Israa Hamad
Mémorial de l’esclavage à Stone Town, Zanzibar, République-Unie de Tanzanie

À l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, le Secrétaire général de l’ONU a appelé à la mise en place de cadres de justice réparatrice afin d’aider à surmonter des générations d’exclusion et de discrimination.

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« Pendant quatre cents ans, les Africains réduits en esclavage se sont battus pour leur liberté, tandis que les puissances coloniales et d’autres ont commis des crimes horribles contre eux », a rappelé António Guterres dans son message lu par son Chef de Cabinet, Courtenay Rattray, lors d’une séance commémorative lundi à l’Assemblée générale des Nations Unies.

« Cette Journée est une occasion de se souvenir et de rendre hommage aux millions d’Africains qui ont été victimes de la traite et réduits en esclavage », a-t-il ajouté, notant que « ceux qui avaient organisé et dirigé la traite transatlantique des esclaves ont amassé d’énormes fortunes » tandis que « les esclaves étaient privés d’éducation, de soins de santé, d’opportunités et de prospérité ».

Œuvrer pour un monde exempt de racisme, de discrimination

Selon le chef de l’ONU, « cela a jeté les bases d’un système de discrimination violente basé sur la suprématie blanche qui résonne encore aujourd’hui ».

« Aujourd’hui et chaque jour, nous rejetons l’héritage de cet horrible crime contre l’humanité », a-t-il exhorté, appelant « à la mise en place de cadres de justice réparatrice, afin d’aider à surmonter des générations d’exclusion et de discrimination ».

Selon lui, il faut un espace et les conditions nécessaires à la guérison, à la réparation et à la justice. « Nous sommes résolus à œuvrer pour un monde exempt de racisme, de discrimination, de sectarisme et de haine », a-t-il affirmé.

Le Secrétaire général a rappelé la résistance de la reine Nanny des Marrons de la Jamaïque, du leadership de Zumbi dos Palmares du Brésil, de l’habileté diplomatique et des prouesses militaires de la reine Nzinga Mbandi du Ndongo et de Matamba, dans l’actuel Angola, de l’héroïsme de Toussaint Louverture de la révolte d’esclaves à Saint-Domingue, dans l’actuelle Haïti, et de la lutte pour la liberté de Harriet Tubman aux États-Unis.

António Guterres a aussi raconté l’histoire d’un navire négrier en route vers l’État américain de Géorgie, dans lequel embarqua un groupe d’Ibo de ce qui est aujourd’hui le Nigéria qui s’est révolté et a noyé leurs ravisseurs, avant de commettre tragiquement un suicide collectif, refusant de renoncer à leur dignité et à leur liberté.

Une nouvelle exposition sur cette histoire a été inaugurée au Siège de l’ONU, à New York, ce lundi.

Les luttes héroïques de ces leaders et de bien d’autres ont inspiré des générations de militants et ne sont pas terminées, alors que les descendants d’esclaves africains et les personnes d’ascendance africaine du monde entier se battent toujours pour leurs droits et leurs libertés, a noté le chef de l’ONU.

"Mémoire de l'esclavage" exposée à l'UNESCO, Paris, lors du projet "La route de l'esclave"
UNESCO/P. Chiang-Joo
« Mémoire de l’esclavage » exposée à l’UNESCO, Paris, lors du projet « La route de l’esclave »

Toutes les sociétés jouent un rôle dans le travail de guérison

« Aujourd’hui, il est de notre devoir de rejeter et de démanteler l’oppression raciste, de mettre fin à la propagation de la haine et des mensonges en ligne et de faire face à l’héritage durable de marginalisation et d’appauvrissement de l’esclavage », a souligné le Secrétaire général, qui a appelé à « inverser les conséquences de générations d’exclusion et de discrimination qui ont mené à des inégalités flagrantes en matière de soins de santé, d’éducation et d’opportunités sociales et économiques qui persistent encore aujourd’hui ».

Selon lui, « dans les nombreux pays touchés par la traite transatlantique des esclaves, toutes les composantes de la société, ont un rôle à jouer dans ce travail de guérison et de réparation ». « De la reconnaissance et de la demande de pardon pour les crimes flagrants du passé à la création de mécanismes de recours et le rejet de la haine et de la discrimination sous toutes ses formes, tout cela peut aider à guérir le traumatisme intergénérationnel et à réparer les sociétés fracturées et ségréguées », a estimé le chef de l’ONU.

Obtenir des réparations

Dans sa propre déclaration, le Président de l’Assemblée générale de l’ONU, Dennis Francis, a rendu hommage aux révolutionnaires comme Samuel Sharpe, Sojourner Truth, Gaspar Yanga et d’innombrables autres personnes qui ont mené des batailles courageuses pour la liberté.

« Les contributions des personnes d’ascendance africaine sont restées gravées de manière indélébile dans nos mémoires et dans le monde qui nous entoure. La valeur profonde de leur art et de leurs efforts doit être reconnue et célébrée », a exhorté M. Francis.

Il a aussi souligné la nécessité de reconnaître le besoin urgent d’obtenir des réparations, car cela fait partie intégrante de la quête d’une véritable justice.

« L’objectif de cette Journée est de continuer à braquer les projecteurs non seulement sur les actes atroces commis, mais aussi sur le racisme et les préjugés qui continuent de sévir dans nos sociétés encore aujourd’hui », a déclaré le Président de l’Assemblée générale.

Il a informé de la convocation d’une réunion mardi au Siège de l’ONU sur la justice réparatrice et demandé la proclamation d’une deuxième Décennie internationale axée sur la justice réparatrice, la reconnaissance et l’équité.

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