COP28 : les défenseurs du climat réclament une formulation plus ferme sur les combustibles fossiles

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COP28/Christopher Pike
Marche du Réseau Action Climat International lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, COP28, à l’Expo City de Dubaï, aux Émirats arabes unis.

Le texte de 21 pages, préparé par les Émirats arabes unis, qui assurent la présidence de la Conférence des Nations Unies sur le climat, la COP28, ne fait aucune mention d’une « réduction progressive » ou d’une « élimination » des combustibles fossiles, ce que Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, considère comme l’une des clés du succès de la conférence et qui est réclamé par de nombreux pays.

Le projet de texte appelle plutôt les pays à réduire « la consommation et la production de combustibles fossiles, d’une manière juste, ordonnée et équitable ».

Les États-Unis, les pays de l’Union européenne et un groupe de petits États insulaires en développement se sont joints à un chœur de groupes de la société civile dénonçant que le projet n’allait pas assez loin pour freiner le réchauffement de la planète.

Il ne s’agit toutefois pas du texte final, et les négociations sur un compromis se sont poursuivies mardi, date à laquelle devait avoir lieu la clôture de la COP28.

Les experts prévoient un jeu d’attente, alors que les délégués se disputent sur le nouveau texte.

Les militants et certains pays poussent pour un langage plus fort qui reflète mieux la véritable urgence de la lutte contre la crise climatique.

Voici un aperçu des mesures (en grande partie volontaires) qui ont été intégrées dans le projet actuel et de celles qui en sont exclues :

Les mesures intégrées

  • Le triplement de la capacité mondiale d’énergies renouvelables d’ici à 2030 [les États-Unis et la Chine se sont engagés à collaborer pour atteindre cet objectif dans le cadre d’un accord conclu entre les deux plus grands émetteurs mondiaux dans la perspective de la COP28]
  • L’arrêt progressif et rapide de l’exploitation du « charbon non traité » et la réduction du nombre de nouvelles licences
  • Les technologies à émissions nulles ou faibles, y compris les technologies d’élimination telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone
  • Le financement de la lutte contre le changement climatique, mais avec un « langage faible »
  • Des objectifs d’adaptation avec des engagements financiers insuffisants, ou « sans programme de travail » pour les mesurer.

Les mesures éliminées

  • L’élimination progressive des combustibles fossiles
  • Les mots « pétrole » et « gaz naturel » n’apparaissent pas
  • Des « obligations fortes » pour les pays riches
  • L’équité dans l’adaptation, nécessaire pour un soutien équitable de la part des pays riches

Complètement disparu

Au micro d’ONU Info, le responsable de la stratégie politique mondiale au Climate Action Network International, Harjeet Singh, a déclaré qu’il s’attendait à ce que le nouveau texte soit « beaucoup plus fort, mais le langage sur l’élimination progressive des combustibles fossiles a maintenant complètement disparu … En tant que société civile, nous rejetons le texte ».

« Il y aura des négociations sur ce texte », a poursuivi M. Singh. « Voyons comment les pays réagissent ».

M. Singh a déclaré qu’au cours des deux semaines de la conférence aux Émirats arabes unis, il y avait eu « clairement des pressions de l’extérieur … de la part de l’industrie des combustibles fossiles. Nous avons vu l’OPEP [pays producteurs de pétrole] publier une lettre, s’opposant totalement à toute formulation sur l’élimination progressive des combustibles fossiles, et les pays riches se contenter de faire de l’esbroufe ».

« La nuit sera longue », a-t-il dit.

Le ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement de Samoa et Président de l’Alliance des petits Etats insulaires, Toeolesulusulu Cedric Schuster, a lui déclaré à ONU Info : « Le texte ne reflète pas ce pour quoi nous sommes venus ici, en particulier la formulation relative à l’élimination progressive des combustibles fossiles. Il ne reflète pas l’objectif de 1,5 degré Celsius dont nous avons besoin pour rester en vie ».

Après avoir parcouru autant de chemin et dépensé autant d’argent pour se rendre à Dubaï, « de l’argent que nous n’avons pas », la ministre de l’Environnement et des Ressources de la petite nation insulaire de Nioué, a déclaré qu’elle avait le cœur brisé de voir que le texte « va à l’encontre de ce en quoi nous croyons » et qu’il ne reflète pas la position des peuples du Pacifique Sud.

« Nous sommes les plus vulnérables », a dit Mme Ainuu. « Nos îles sont submergées, nos îles sont en train de couler… Les autres doivent penser à nous. C’est une obligation morale en tant qu’êtres humains de faire du bien aux autres ».

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