Des actions audacieuses sont nécessaires pour décarboner le transport maritime, selon la CNUCED

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© MSC shipping
Des containers sur un cargo.

Dans un rapport sur les transports maritimes publié avant la Journée mondiale de la mer, cette agence onusienne basée à Genève prône une « transition juste et équitable » vers un secteur du transport maritime décarbonée.

L’agence souligne le besoin pressant de carburants plus propres, de solutions numériques et d’une transition équitable pour lutter contre les émissions continues de carbone et l’incertitude réglementaire qui règne dans cette industrie.

« Le transport maritime doit se décarboniser dès que possible, tout en assurant la croissance économique. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la durabilité environnementale, la conformité réglementaire et les exigences économiques pour assurer au transport maritime un avenir prospère, équitable et résilient », a déclaré dans un communiqué, Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la CNUCED.

3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre

Le secteur du transport maritime représente plus de 80% du volume des échanges mondiaux et près de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les émissions ayant augmenté de 20% en l’espace d’une décennie.

Si la transition vers des carburants plus propres n’en est qu’à ses débuts, puisque près de 99% de la flotte mondiale dépend encore des carburants conventionnels, le rapport fait état de développements prometteurs, dont 21% de navires en commande conçus pour les carburants alternatifs.

Cependant, la transition s’accompagne de coûts substantiels. La CNUCED rapporte que 8 à 28 milliards de dollars supplémentaires seront nécessaires chaque année pour décarboniser les navires d’ici à 2050, et des investissements encore plus importants, allant de 28 à 90 milliards de dollars par an, seront nécessaires pour développer des infrastructures permettant d’utiliser des carburants 100% neutres en carbone d’ici à 2050.

Le porte-conteneur MSC Daniela en mer.
©MSC shipping
Le porte-conteneur MSC Daniela en mer.

Flotte mondiale vieillissante 

La décarbonisation complète pourrait augmenter les dépenses annuelles en carburant de 70% à 100%, ce qui pourrait affecter les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) qui dépendent fortement du transport maritime.

Cependant, plusieurs observateurs du secteur s’inquiètent du vieillissement de la flotte mondiale. Selon la CNUCED, les navires commerciaux ont en moyenne 22,2 ans, soit deux ans de plus qu’il y a dix ans. Plus de la moitié de la flotte mondiale a plus de 15 ans.

« Les armateurs sont confrontés au défi du renouvellement de la flotte tout en manquant de clarté sur les carburants alternatifs, les technologies écologiques et les régimes réglementaires nécessaires pour guider les armateurs et les ports », a fait valoir l’agence onusienne, relevant que les terminaux portuaires sont confrontés à des problèmes similaires pour envisager les investissements nécessaires.

Un navire traverse une section du canal de Panama, l'une des voies commerciales les plus fréquentées au monde.
UN News/Jing Zhang
Un navire traverse une section du canal de Panama, l’une des voies commerciales les plus fréquentées au monde.

Une croissance de 2,4% en 2023

En raison d’une forte croissance en 2022 des volumes de pétrole et de gaz transportés, les taux de fret des navires-citernes ont connu une forte reprise sous l’effet des événements géopolitiques. Les taux de fret pour le vrac sec ont connu une certaine volatilité en raison de l’évolution de la demande, de la congestion des ports, des tensions géopolitiques et des perturbations météorologiques.

Malgré une contraction de 0,4% du volume total du commerce maritime en 2022, l’industrie prévoit une croissance de 2,4% en 2023, le commerce conteneurisé (qui a diminué de 3,7% en 2022) devant augmenter de 1,2% en 2023 et de plus de 3% entre 2024 et 2028.

Pourtant en raison des perturbations liées à la guerre en Ukraine, les distances parcourues par les cargaisons de pétrole ont atteint un niveau record en 2022, et les expéditions de céréales en 2023 ont parcouru une distance jamais atteinte, les pays importateurs de céréales ayant été contraints de chercher d’autres exportateurs, tels que les États-Unis et le Brésil, qui nécessitent des expéditions sur de longues distances.

Hausse de 12% du commerce Sud-Sud par conteneurs

Les importations de céréales en Afrique en provenance d’Ukraine, cruciales pour la sécurité alimentaire de nombreuses économies africaines, ont diminué de 14,9% en 2022, obligeant ces économies à adapter leurs schémas commerciaux. Du coup, le commerce Sud-Sud, par exemple de l’Afrique vers l’Amérique latine et les Caraïbes, a contribué à hauteur de 12,5% au commerce mondial par conteneurs en 2022.

Par ailleurs, le rapport note que l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) devrait faire augmenter le fret intra-africain de 28% et la demande de fret maritime de 62%. Mais pour y arriver, des investissements considérables dans les équipements et les infrastructures de transport seront nécessaires, y compris 100 navires supplémentaires, si la ZLECA est pleinement mise en œuvre.

En attendant, l’indice de connectivité des transports maritimes réguliers (LSCI) a montré que le LSCI moyen pour l’Afrique a augmenté en 2022, mais qu’il est resté inférieur aux valeurs d’avant la pandémie. L’Afrique est la seule région du monde à afficher une augmentation des escales de transporteurs de vrac sec (+ 2,5% en 2022). La région a également enregistré une augmentation de plus de 5% des escales de vraquiers liquides

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