Alexandra Xanthaki, Rapporteure spéciale dans le domaine des droits culturels, et Ashwini K.P., Rapporteure spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, ont demandé à l’instance olympique mondiale de garantir également la non-discrimination de tout athlète en fonction de sa nationalité, et ont souligné qu’aucun athlète ne devrait être tenu de prendre parti dans un conflit.
Avec l’autorisation du CIO, les athlètes pourraient avoir la chance de participer aux Jeux olympiques de Paris en 2024. À la suite de discussions avec les expertes de l’ONU, la commission exécutive du Comité international olympique a publié samedi une déclaration évoquant la nécessité de respecter les droits de tous les athlètes à être traités sans aucune discrimination, conformément à la Charte olympique.
Dans sa déclaration, le CIO a déclaré qu’ « aucun athlète ne devrait être empêché de participer à des compétitions en raison de son passeport » et qu’ « il conviendrait donc d’explorer plus avant une voie permettant aux athlètes de participer à des compétitions dans des conditions strictes »
La Charte olympique doit prévaloir
La Charte olympique doit être le guide, ont déclaré les Rapporteures spéciales. Elles considèrent la récente déclaration du CIO comme un revirement par rapport à la recommandation du comité sportif mondial d’interdire les athlètes et les officiels de ces pays, qui est intervenue quelques jours après l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie en février 2022.
« La recommandation du CIO a soulevé de graves problèmes de discrimination directe », ont déclaré les expertes de l’ONU. « Nous comprenons le désir de soutenir les athlètes ukrainiens et la communauté olympique ukrainienne, qui souffrent terriblement de la guerre, ainsi que tous les autres Ukrainiens. Mais le Comité olympique et plus largement la communauté olympique ont également l’obligation impérieuse de respecter la Charte olympique, et plus largement les normes internationales en matière de droits de l’homme interdisant la discrimination », ont-elles ajouté.
Faisant référence à la condition du CIO selon laquelle seuls les athlètes russes et bélarusses qui n’ont pas soutenu activement la guerre en Ukraine seraient autorisés à concourir à titre neutre, les expertes ont exhorté le CIO à prendre davantage de mesures pour aligner ses recommandations sur les normes internationales des droits de l’homme en matière de non-discrimination. « Lorsque des États ignorent de manière aussi flagrante les droits de l’homme, nous avons une plus grande obligation de nous positionner en faveur de nos valeurs communes », ont déclaré les expertes.
« Cette condition ouvre la porte aux pressions et aux interprétations », ont-elles ajouté. « Les mêmes règles doivent s’appliquer à tous les athlètes, quelle que soit leur nationalité. Cela inclut la règle selon laquelle tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit ».
CIO : les sanctions ne sont pas négociables
Dans le même temps, le CIO a publié une déclaration mardi, réaffirmant que « les sanctions contre les États et gouvernements russes et bélarusses ne sont pas négociables. Elles ont été confirmées à l’unanimité par la récente réunion du sommet olympique du 9 décembre 2022 ».
La déclaration sur l’interdiction du CIO – qui interdit notamment à la Fédération de Russie et au Bélarus d’accueillir des compétitions sportives internationales – est intervenue peu après que le Conseil olympique d’Asie a invité des athlètes russes et bélarusses à concourir dans la région.
Dans de récents communiqués, les dirigeants ukrainiens ont condamné la décision du Conseil olympique d’Asie d’inclure des athlètes russes et bélarusses.