Depuis le 5 septembre 2021, aucun décret n’a recueilli l’unanimité du peuple de Guinée, comme ce décret de dissolution du gouvernement Goumou. Cet acte du pouvoir central tant attendu est enfin tombé ce 18 février 2024, mettant ainsi fin à deux longues années d’errance et d’incertitude d’un gouvernement qui n’aura brillé que par son arrogance et son infantilisme. Il y a longtemps que des voix s’étaient élevées pour dénoncer cette équipe gouvernementale qui n’agissait plus dans l’esprit du discours du 5 septembre 2021. Le Président de la transition, pour beaucoup de guinéens, ne pouvait absolument pas se débarrasser de ses ministres auxquels il semblait avoir confiance.
Mais ‘’tout arrive à temps à celui qui sait attendre’’ dit une sagesse populaire. Le Général de corps d’armée, Mamadi Doumbouya a fait montre de stratégie militaire : observer, analyser et agir. Il a beaucoup vu, beaucoup entendu et il fallait désormais agir pour ne pas que ce peuple qui l’a triomphalement accueilli le 5 septembre 2021 l’assimile aux dérives des ministres du gouvernement Goumou. Il a compris que la retraite gouvernementale qui était censée créer une solidarité gouvernementale n’aura été, au vu du comportement de ces ministres les uns envers les autres, qu’une simple villégiature. C’est le départ du drame gouvernemental. Ces ministres n’ont jamais su mesurer le sens de la responsabilité et de la confiance placés en eux par ce militaire. Au lieu de former un tout homogène autour du Général de corps d’armée Mamadi Doumbouya, ils se sont livrés avec insolence à des pratiques qu’avait dénoncées ce dernier lors de sa prise de pouvoir.
L’attitude de certains ministres, leur comportement et leur arrogance vis-à-vis des populations avaient fini par les frustrer. L’existence avérée de clans au sein du gouvernement a mis en exergue la cacophonie qui y régnait. Le manque de respect des principes administratifs, la méthode cavalière de certains ministres dans la conduite de leur département sont ici des preuves irréfutables du manque de solidarité gouvernementale. Tout comme dans la société, il y a ce qu’on appelle le droit d’aînesse, dans l’administration aussi il y a le respect de la hiérarchie. Mais comment expliquer l’insubordination du Ministre de la justice au Premier Ministre chef du gouvernement. Tout le peuple a condamné cette attitude irrévérencieuse de Charles Wright qui a voulu faire prévaloir une hégémonie qu’il s’est adjugée par mégalomanie.
Aujourd’hui, le Général Mamadi Doumbouya vient de prouver qu’il est le seul capitaine à bord du navire guinéen. Il lance ainsi un message à tous pour dire qu’il n’y a pas de serment entre lui et un individu qui qu’il soit. Les mesures conservatoires ne doivent cependant pas étonner car, les résultats des évaluations ont été mis à la disposition du chef de l’Etat qui a fait semblant de ne pas en tenir compte. Il les observait pensant qu’ils pouvaient se ressaisir pour redresser le tir, mais malheureusement avec la même insouciance, ils ont continué à jouir des privilèges de leur position et à nuire à la confiance du Président de la transition. Personne ne s’attendait à ce décret maintenant tant les populations angoissées par la décrépitude de leur condition de vie, avaient perdu tout espoir de se voir débarrasser de ces ministres insouciants, incompétents et inexpérimentés. On ne doit pas juger du mérite d’un homme par ses grandes qualités, mais par l’usage qu’il en sait faire. Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
Ce décret permettra au Général de corps d’armée Mamadi Doumbouya de redorer son blason terni par les pratiques irresponsables de ce gouvernement déchu. Ceux qui se sont fait choisir à travers de faux diplômes, par le népotisme et le clientélisme vont désormais trembler. Puisse Dieu inspirer et éclairer le chef de l’Etat dans le choix de la nouvelle équipe gouvernementale. C’est une transition et non un mandat, c’est lui seul qui assumera les responsabilités de la conduite de cette période, qu’il se départisse des considérations inutiles. D’ailleurs, il l’a toujours fait mais aujourd’hui, plus que par le passé, il doit être attentif à tout ce qu’il posera comme acte.
La solidarité nationale, la paix et la quiétude sociale sont les préalables à tout développement économique et social d’une nation. Le véritable homme d’Etat est celui qui s’institue arbitre impartial entre ses ambitions et l’intérêt général. Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir.
Le Général de corps d’armée vient ainsi de prouver qu’il est à la fois un homme qui a compris un certain nombre de réalités, mais également un homme inspiré qui a compris un certain nombre d’erreurs. Un chef qui n’a pas les moyens d’effectuer des changements n’a pas les moyens de se maintenir. Il faut parfois attendre longtemps l’occasion pour révéler son vrai visage et son désir. Un homme est la somme de ses actes, de ce qu’il fait, de ce qu’il peut faire, rien d’autre. La démocratie a donc deux excès à éviter : l’esprit d’inégalité qui la mène à l’aristocratie, ou au gouvernement d’un seul ; et l’esprit extrême qui la conduit au despotisme d’un seul a dit Montesquieu. Il faut savoir que le principe fondamental du gouvernement démocratique ou populaire, c’est la vertu, cette vertu qui n’est autre chose que l’amour de la Patrie et de ses lois.
Général Mamadi Doumbouya, c’est l’occasion ou jamais de reconquérir le cœur de tes compatriotes en écoutant leurs cris de détresse et en répondant à leurs aspirations. Le 5 septembre 2021, vous avez promis à ce peuple qui, malgré tout, reste toujours prêt à vous pardonner. Mais de grâce, choisissez des hommes qui partagent vos ambitions et votre idéal.
Ces deux années de gestion vous ont permis certainement de comprendre les hommes et savoir qui écouter et qui ne pas écouter, Ce décret vous replace dans le cœur des guinéens, tirez en profit !
Famany Condé