Fadi Wazni, homme d’affaires influent, est le Président du conseil d’administration de la Société minière de Boké (SMB), la plus grande entreprise minière de Guinée, et Directeur général de United Mining Supply (UMS), leader du transport et de la logistique en Guinée et dans la sous-région. Cet article explore la vision de Fadi Wazni pour l’avenir du secteur minier en Guinée, qu’il considère comme un levier stratégique pour le développement du pays. Sa vision ambitieuse pour la Guinée mérite l’attention des décideurs et des citoyens.
Lisez les propos de Fadi Wazni :
« L’industrie minière est en pleine mutation et, comme tous les secteurs, elle doit s’adapter aux grands enjeux internationaux, notamment climatiques et environnementaux. L’une des principales évolutions que nous constatons est d’ordre réglementaire, avec un encadrement législatif et normatif de plus en plus strict. Cette évolution, bien que contraignante, est nécessaire car elle met l’accent sur les responsabilités communautaires et environnementales des projets miniers. Bien sûr, de nombreux progrès restent à faire.
En tant qu’industriel, je crois que notre responsabilité est de placer les aspects humains au cœur de l’exploitation minière. Cela signifie créer les conditions propices au développement socio-économique des communautés minières et de l’ensemble de la Guinée.
Dans le secteur minier, cela passe par une politique de contenu local très développée, en soutenant la création de sous-traitants compétents et en améliorant les conditions de travail et la formation des employés. Un autre aspect crucial est de soutenir les communautés minières en partenariat avec les pouvoirs publics, pour créer ou améliorer les services sociaux essentiels tels que les écoles, les centres de santé, et les hôpitaux.
À Boké, depuis notre implantation, nous avons créé plus de 200 entreprises, dont certaines ont diversifié leurs activités. Nous avons également beaucoup travaillé sur les bases de vie, rendant les conditions plus confortables, avec des chambres climatisées et des cantines de qualité. En outre, nous avons réhabilité de nombreuses écoles, construit des centres de santé, un hôpital, un aéroport, ainsi que des routes, des ponts et des chemins de fer. Nous sommes déterminés à maintenir et à renforcer ces efforts pour le bien-être de nos employés, de leurs familles, et de l’ensemble de la communauté minière.
Promouvoir le « Made in Guinea », développer l’économie locale et soutenir les populations font partie de nos valeurs fondamentales. Nous continuerons à nous engager aux côtés de la communauté guinéenne en soutenant les productions locales sous le label Guinée. Rapprocher les consommateurs guinéens des produits locaux, promouvoir le talent et le savoir-faire guinéen, et encourager l’achat responsable sont autant d’objectifs qui nous tiennent à cœur ! »
Quelle est votre vision pour l’avenir du secteur minier guinéen ? Peut-il devenir un catalyseur de développement socio-économique pour le pays ?
« Sur le plan géologique, la Guinée est comparable à l’Australie, un pays très riche en matières premières, notamment en bauxite. L’exemple australien peut servir de modèle de développement pour la Guinée. L’Australie a connu 27 ans de croissance continue en exploitant ses matières premières et en développant ses infrastructures. Elle a ensuite capitalisé sur sa richesse minière pour se moderniser et s’industrialiser. La Guinée a le potentiel pour suivre un chemin similaire et devenir un acteur majeur de l’économie sous-régionale.
La transformation locale des matières premières, notamment de la bauxite, est déjà impulsée au plus haut niveau de l’État guinéen. Notre groupe est très avancé dans son projet de raffinerie d’alumine, avec le soutien de notre usine ALTEO à Gardanne, en France. ALTEO est un leader mondial de l’industrie de l’alumine et son expertise en matière de traitement des déchets est inégalée. Cette collaboration permettra de nombreuses synergies avec nos sites en Guinée, qui bénéficieront de son expérience.
Pour un développement durable de l’économie guinéenne, il est essentiel de franchir certaines étapes : augmentation des capacités énergétiques, renforcement de la réglementation environnementale, amélioration des compétences locales, et implication des communautés. Tout cela dépend du maintien de l’attractivité de la Guinée pour les investissements. Il est important de noter que le PIB de la Guinée est passé de 2 milliards USD en 2005 à plus de 18 milliards USD en 2022. Le pays est en marche et son développement socio-économique continue de progresser au fur et à mesure que le secteur minier se structure. »
Comment évaluez-vous l’impact du contexte politique actuel sur la structuration du secteur minier guinéen ?
« La Guinée est un pays jeune. Comme tous les pays, elle traverse des périodes de bouleversements. Il est important de rappeler que la France a mis près d’un siècle pour établir des institutions démocratiques stables. Lorsque les projets sont sérieux, qu’ils génèrent des revenus substantiels pour l’État, qu’ils construisent des infrastructures, qu’ils créent des emplois, et qu’ils développent les régions, ils obtiennent naturellement le soutien des populations et des gouvernants. Le développement socio-économique doit être au cœur des politiques publiques. »
Que pensez-vous du projet Simandou ?
Le projet Simandou, par son ampleur, transformera l’économie guinéenne. L’investissement pour ce projet est estimé à 15 milliards de dollars, ce qui apportera une manne financière considérable au pays et créera des milliers d’emplois. Une fois achevé, il pourrait doubler la croissance nationale pour la porter à plus de 10 % par an.
La rédaction de Guineemining.info