Les attaques contre la journaliste Rana Ayyub doivent cesser, ont alerté lundi deux expertes indépendantes de l’ONU, qui ont demandé au gouvernement indien de mettre fin aux campagnes d’intimidation à l’encontre de la journaliste qui est célèbre en Inde.
« Les autorités indiennes doivent mener une enquête rapide et approfondie sur les attaques incessantes, misogynes et sectaires, dont est victime la journaliste Rana Ayyub sur Internet », ont affirmé dans un communiqué, Irène Khan, Rapporteure spéciale sur la liberté d’opinion et d’expression, et Mary Lawlor, Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.
Elles demandent à New Delhi de mettre fin immédiatement au harcèlement judiciaire dont fait l’objet la journaliste.
Cet appel des deux expertes onusiennes intervient alors que la journaliste d’investigation indépendante continue d’être victime « d’une intensification des attaques et des menaces en ligne de la part de groupes nationalistes hindous d’extrême droite ».
Selon les expertes, ces attaques seraient liées aux reportages de la journaliste « sur les problèmes affectant les minorités musulmanes, ses critiques sur la gestion gouvernementale de la pandémie et à ses commentaires sur la récente interdiction des hijabs dans les écoles et les collèges du Karnataka ».
« En réponse aux efforts de Mme Ayyub pour faire la lumière sur des questions d’intérêt public et demander des comptes au pouvoir par le biais de ses reportages, elle a été malicieusement visée par des menaces anonymes de mort et de viol par des groupes organisés en ligne », ont fustigé les expertes.
Un modus operandi mêlant harcèlement judiciaire, campagne de haine en ligne et menaces physiques
La journaliste, bête noire des militants de la mouvance nationaliste hindoue, fait l’objet d’une nouvelle plainte au pénal qui, à la faveur d’un modus operandi qui se répète, se transforme en campagne de haine en ligne et de menaces physiques.
Le 11 février dernier, pour la deuxième fois en six mois, le compte bancaire et d’autres avoirs de Mme Ayyub ont été gelés à la suite d’allégations apparemment infondées de blanchiment d’argent et de fraude fiscale, liées à ses campagnes de financement par la foule pour venir en aide aux personnes touchées par la pandémie.
« Comme pour beaucoup d’accusations fallacieuses et diffamatoires portées contre Mme Ayyub en représailles à ses reportages », les expertes indépendantes notent que « les fausses allégations peuvent être retracées jusqu’à un groupe de médias sociaux d’extrême droite ».
« L’absence de condamnation et d’enquête appropriée de la part du gouvernement, associée au harcèlement juridique qu’il a lui-même infligé à Mme Ayyub, n’a servi qu’à légitimer faussement les attaques et les agresseurs et à mettre davantage en danger sa sécurité ».
Face à cette dernière campagne d’intimidation, Irène Khan et Mary Lawlor rappellent avoir déjà écrit à plusieurs reprises au gouvernement pour exprimer leur préoccupation concernant les menaces et le harcèlement juridique dont fait l’objet la journaliste indienne.
« Non seulement le gouvernement manque à son obligation de la protéger en tant que journaliste, mais il contribue également, par ses propres enquêtes sur Mme Ayyub, à aggraver sa situation périlleuse », ont-elles fait valoir, exhortant les autorités à prendre « des mesures urgentes pour la protéger contre les menaces et campagnes d’intimidations ».