La mutualisation des infrastructures portuaires et logistiques est devenue un enjeu crucial pour plusieurs sociétés opérant dans le secteur de la bauxite en Guinée. Cette question, qui semble passer inaperçue aux yeux des autorités publiques, génère cependant une grande inquiétude parmi les acteurs locaux, en particulier dans la préfecture de Boké, où l’activité minière est en plein essor.
Dans une enquête réalisée dans cette région, nous avons pu constater les difficultés rencontrées par les entreprises locales et les tensions qui en découlent. Le problème majeur réside dans la gestion des infrastructures portuaires, essentielles pour l’exportation de la bauxite, minerai précieux et moteur de l’économie guinéenne. Ces infrastructures, souvent utilisées par des sociétés minières de grande envergure telles que Dynamic Mining, Ashapura et d’autres géants du secteur, sont gérées de manière inefficace et exclusive, au détriment des petites entreprises locales.
Sous l’œil indifférent des autorités, notamment du Ministère des Mines, certaines sociétés bénéficient d’un système de gestion peu transparent, sans que des mesures efficaces soient mises en place pour permettre une répartition équitable des ressources. Ce système favorise les grandes entreprises, qui ont les moyens de négocier des contrats avantageux et d’assurer une logistique performante, mais laisse sur le carreau les petites sociétés qui peinent à accéder à ces mêmes infrastructures, pourtant financées en partie par les ressources publiques.
La question de la mutualisation de ces infrastructures portuaires se pose donc avec acuité. Pourquoi ces installations stratégiques, construites pour servir de tremplin à l’ensemble de l’industrie minière guinéenne, ne sont-elles pas partagées de manière équitable ? Pourquoi l’administration minière semble-t-elle fermer les yeux face à ces déséquilibres flagrants ?
Les responsables des sociétés minières, tout comme certains acteurs de l’administration publique, semblent bénéficier d’une sorte d’impunité, alors que les enjeux sont énormes pour le développement local et l’équité entre les différents acteurs économiques. Tandis que certaines entreprises prospèrent dans un climat d’affaires favorable, de nombreux petits entrepreneurs se retrouvent dans une situation de précarité, sans accès aux infrastructures essentielles pour leur développement.
Il est grand temps que l’administration publique et les responsables des sociétés minières prennent leurs responsabilités. L’heure est venue d’instaurer une véritable régulation, garantissant une utilisation plus juste des infrastructures et des ressources, afin de permettre à l’ensemble des acteurs de la filière bauxite de bénéficier d’un cadre équitable. Sans cela, les tensions risquent de se multiplier et de nuire à l’image de la Guinée sur la scène internationale, un pays riche en ressources mais apparemment incapable de gérer son potentiel de manière durable et équitable.
La question reste donc ouverte : à quand une réforme réelle de la gestion des infrastructures portuaires en Guinée, pour un développement harmonieux du secteur minier et une redistribution plus juste des bénéfices générés par l’exploitation de la bauxite ?