La technologie a le potentiel de relever certains des plus grands défis de l’éducation aujourd’hui, notamment l’éducation multilingue basée sur la langue maternelle, qui est un élément clé de l’inclusion dans l’éducation, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
La langue maternelle est celle qu’on apprend en premier, c’est la langue qu’on emploie le plus, c’est la langue à laquelle on s’identifie ou celle pour laquelle on est considéré comme locuteur natif, explique Andriamiseza Noro, Spécialiste au sein du programme éducation à l’UNESCO dans un entretien avec ONU Info.
Pour elle, on devrait dire les langues maternelles parce que « si j’ai un papa dont la langue maternelle est différente de celle de ma maman, j’ai deux langues déjà et aussi peut être dans le pays où je vis, la langue utilisée est différente que les langues que j’entends à la maison, donc on peut dire que j’ai trois langues maternelles ».
Pour un enfant, la langue maternelle est l’un des premiers moyens de traduire le sens du monde et elle l’aide ainsi dans son développement. En effet, l’enfant s’exprime avec la langue qu’il entend le plus souvent, ou qui est dans son milieu familial ou dans la société. Il communique et acquiert les fondamentaux de lecture et d’écriture dans cette langue. « Donc ça participe à son développement puisque c’est une langue avec laquelle il s’exprime », souligne Mme Noro. « Il apprend ce qu’il y a autour de lui, il communique avec ceux et celles qui sont autour de lui et c’est une langue pour acquérir les connaissances de base ».
Enfin la langue maternelle permet aussi de transmettre les valeurs, la culture et le savoir traditionnel.
L’emploi de la technologie a le potentiel de promouvoir la diversité linguistique
Pour Mme Noro, la force des nouvelles technologies est leur interactivité, leur fluidité, leur flexibilité.
L’éducation multilingue fondée sur la ou les langues maternelles remplit une fonction clé en encourageant le respect de la diversité et le sentiment d’interconnexion entre les pays et les populations, qui constituent des valeurs fondamentales, au cœur même de la citoyenneté mondiale.
« La technologie permet donc d’être dans une situation réelle, qu’on n’a pas forcément avec un livre ou un manuel scolaire », explique l’experte de l’UNESCO.
Pour elle, le potentiel de cette technologie est son interactivité. « C’est d’entendre les langues telles que parlées dans une région, ou une autre ».
Elle a pu observer que les jeunes ont tendance à utiliser les technologies en dehors de l’enseignement formel, en dehors des salles de classe. « Et j’ai l’impression qu’ils apprennent beaucoup plus vite avec ces technologies. Donc ça, c’est ce potentiel de la technologie qui permet qu’on soit peut-être plus plurilingue et on communique beaucoup plus vite », dit-elle.
« Et c’est une des grandes forces de la technologie. Grâce à de nombreux logiciels, la communication orale est facilitée, chose qui n’était pas possible il y a 30 ans, où on était dans un laboratoire de langues avec des situations vraiment artificielles », se rappelle Mme Noro.
Promouvoir la langue maternelle
A l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, l’UNESCO fait appel à ses États membres pour que les langues qui existent dans les pays soient promues dans plusieurs domaines de la sphère public, comme l’éducation, la culture mais aussi dans le domaine administratif.
Pour Mme Noro, ce qui est important dans la prévention de l’extinction ou de la disparition d’une langue c’est la transmission intergénérationnelle. Cela doit faire partie de la sensibilisation.
De plus, l’emploi des langues est primordial dans l’éducation. « Donc ici, on parle de politiques linguistiques, enseigner les langues ou enseigner dans les langues ».
Il y a aussi, la volonté des locuteurs natifs de promouvoir eux-mêmes leur langue maternelle. « Parce que la perception qu’on a souvent de sa langue maternelle est assez biaisé », explique-t-elle. « On pense que quand une langue ne fait pas partie des grandes langues de ce monde, on ne se vend pas avec cette langue-là, je veux dire, on ne trouve pas de travail. Donc il y a une perception qui, je dirais, est à revoir », affirme-t-elle
Selon elle, il faut des moyens, des ressources financières et des techniques pour promouvoir les langues maternelles aussi bien dans la culture que dans l’éducation ou dans d’autres domaines comme la médecine, l’administration, ou la traduction.
« Il faut donc aimer la langue maternelle, les langues maternelles, les promouvoir en les parlant. Si on ne les parle pas, les promouvoir d’une autre façon. Faire en sorte qu’elles soient utilisées, dans autant de domaines que possible, dans la culture, la lecture, l’écriture », conclut-elle