L’experte principale des Nations Unies chargée des questions liées aux enfants dans les conflits armés a publié jeudi une nouvelle analyse qui souligne l’importance de la prise en compte des différences entre les sexes sur les jeunes pendant les conflits armés afin de mieux les protéger.
L’étude met en lumière les différents risques auxquels les enfants de sexes différents sont confrontés et la manière de les réduire.
« A travers cette première étude, nous constatons que l’intégration d’une perspective de genre dans la mise en œuvre du mandat Enfants et conflits armés [Children and Armed Conflict (CAAC)] peut contribuer à une meilleure compréhension de l’impact des normes et des préjugés sexistes invisibles lorsqu’il s’agit de la protection des enfants », a déclaré la Représentante spéciale de l’ONU chargée de défendre les enfants dans les conflits, Virginia Gamba.
Le prisme du genre
Selon l’étude, intitulée The Gender Dimensions of Grave Violations Against Children In Armed Conflict [Les dimensions sexospécifiques des violations graves contre les enfants dans les conflits armés], il importe de comprendre la nature interdépendante des violations graves à l’encontre des enfants afin d’élaborer des approches holistiques en matière de prévention et de réponses, qui soient adaptées à l’âge et au genre.
« L’étude montre en outre que le fait de consacrer des ressources adéquates à l’analyse des violations graves sous l’angle du genre peut contribuer à mettre en évidence la manière dont le genre est instrumentalisé dans les différents contextes de conflit – et faire en sorte que nous soyons mieux équipés pour répondre aux violations graves et les prévenir », a ajouté Mme Gamba.
Le rapport appelle à soutenir les Nations Unies et leurs partenaires sur le terrain afin de fournir les ressources et les capacités appropriées pour analyser les violations graves à l’encontre des enfants dans une optique de genre.
Il fournit des preuves tangibles et souligne comment les enfants sont affectés différemment par les conflits en fonction de leur sexe et d’autres caractéristiques basées sur l’identité, y compris l’ethnicité, la race, la religion, le statut économique et l’orientation sexuelle.
« Par exemple, la proportion de filles associées à des groupes armés a tendance à être largement sous-estimée car les filles sont généralement moins visibles que les garçons et sont souvent libérées de manière informelle, ce qui bloque leur réintégration et a, en fin de compte, un impact sur les chiffres des filles recrutées et utilisées », a expliqué la haute fonctionnaire.
Le suivi est essentiel
Au cours des dernières années, des progrès significatifs ont été réalisés en matière de compilation de données ventilées par sexe dans la plupart des pays figurant à l’ordre du jour.
Toutefois, une analyse sexospécifique approfondie exige plus que des chiffres, signale le Bureau de la Représentante spéciale.
Les données seules ne permettront pas d’améliorer notre compréhension des facteurs de risque –individuels, de groupe ou environnementaux– qui victimisent les enfants de différentes manières, ni le profil et la motivation des auteurs.
Le document soutient que plus la capacité de surveillance de l’ONU sur le terrain est grande, plus elle sera en mesure de mener une analyse de genre et d’intégrer une perspective de genre dans sa surveillance, ses rapports et sa réponse aux violations graves.
Cette analyse pourrait également éclairer la politique internationale, le plaidoyer ainsi que la responsabilité.
Appel au soutien
Mme Gamba a appelé la communauté internationale à continuer à fournir un soutien politique et financier, pour une plus grande expertise de la protection de l’enfance sur le terrain.
L’intégration d’une perspective de genre plus large dans le programme « Enfants et conflits armés » permettrait aux réponses aux violations graves d’être plus adaptées au contexte et d’inclure divers groupes de population, ce qui soutiendrait et renforcerait le mandat et élargirait ses partenariats, a précisé Mme Gamba.