Le Ghana a marqué un tournant historique en annonçant, le 1ᵉʳ janvier 2025, l’entrée sans visa pour tous les citoyens africains. Cette décision, prise par le président sortant Nana Akufo-Addo, place le pays parmi les rares États du continent à adopter une telle politique, aux côtés du Rwanda, des Seychelles, de la Gambie et du Bénin. En s’inscrivant dans l’héritage de Kwame Nkrumah, le Ghana envoie un message fort sur l’importance de l’unité et de la solidarité en Afrique, tout en soulignant la nécessité d’une coopération accrue entre les nations africaines.
Le 1er janvier 2025 marque un tournant historique pour le continent africain. En supprimant l’obligation de visa pour tous les citoyens africains, le Ghana ouvre la voie à une nouvelle ère de libre circulation. Cette décision audacieuse, initiée par le président sortant Nana Akufo-Addo, place le pays en tête de file d’un mouvement panafricain qui gagne en force.
L’héritage de Kwame Nkrumah revisité
En ouvrant ses frontières, le Ghana rend hommage à son illustre fils, Kwame Nkrumah. Le père de l’indépendance ghanéenne avait rêvé d’une Afrique unie, où les peuples pouvaient circuler librement et échanger sans entrave. En concrétisant cette vision, Accra perpétue l’héritage du panafricanisme et inspire les nouvelles générations.
Une Afrique sans visas : un enjeu stratégique
La suppression des visas est bien plus qu’un geste symbolique. Elle répond à des enjeux concrets. Cette initiative constitue un véritable acte de foi en l’avenir du continent, un symbole d’une Afrique qui se libère progressivement des héritages du colonialisme et des clivages artificiels. En ouvrant ses frontières, le Ghana invite les Africains à se considérer comme une seule et même famille, à partager leurs expériences, leurs cultures et leurs aspirations.
Stimuler la croissance économique
En facilitant les échanges commerciaux, les investissements et le tourisme, la libre circulation des personnes contribuera à dynamiser les économies africaines. Cette décision est également une réponse aux défis auxquels notre continent est confronté. En facilitant la mobilité des personnes, des biens et des services, le Ghana contribue à stimuler la croissance économique, à créer de nouveaux emplois et à renforcer les échanges commerciaux intra-africains. Elle offre également de nouvelles perspectives pour la coopération en matière de sécurité, de santé et d’éducation.
Renforcer la coopération régionale
En rapprochant les peuples, cette mesure favorisera la coopération dans de nombreux domaines, tels que la sécurité, la santé et l’éducation. En se déplaçant librement sur le continent, les Africains renforceront leur sentiment d’appartenance à une même communauté.
Un contraste saisissant avec les défis actuels
Cette décision intervient dans un contexte où l’Afrique fait face à de nombreux défis : conflits, instabilités, inégalités. Le choix du Ghana est d’autant plus remarquable qu’il contraste avec les politiques restrictives mises en uvre par certains autres États africains. Il est également crucial de noter que cette décision intervient peu après des événements tragiques en Guinée, où plusieurs ressortissants de la Sierra Leone ont été expulsés dans des conditions inhumaines. Ce contraste est frappant, car, dans le passé, la Guinée de Sékou Touré et le Ghana de Kwame Nkrumah ont été des refuges pour ceux qui luttaient contre le colonialisme. En ouvrant ses portes, le Ghana rappelle à tous que l’hospitalité et la solidarité sont des valeurs fondamentales qui doivent prévaloir sur les tensions politiques.
Un appel à l’unité et à la solidarité
L’importance de cette mesure ne peut être sous-estimée. En facilitant la libre circulation des personnes, le Ghana envoie un message fort sur la nécessité d’une coopération accrue entre les nations africaines. Dans un contexte où de nombreux pays préfèrent des accords bilatéraux ou communautaires, cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres États du continent. Elle souligne également l’importance de la solidarité africaine, surtout dans un monde où les défis économiques et sociaux sont de plus en plus interconnectés.
En ouvrant ses frontières et en décidant de faire confiance à ses frères et surs africains, le pays de Jerry Rawlings envoie un message fort à l’ensemble du continent : l’Afrique a besoin de plus d’ouverture, de plus de solidarité et de moins de méfiance. Il démontre que le continent est capable de surmonter ses divisions et appelle tous les pays africains à emboîter le pas.. En travaillant ensemble, les États africains pourront relever les défis du XXIe siècle et construire un avenir meilleur pour leurs populations.
Pour finir
La décision du Ghana de supprimer les visas pour les Africains est un événement historique qui marque un tournant décisif dans le processus d’intégration africaine. Elle offre une perspective d’avenir prometteuse et invite tous les États du continent à suivre cet exemple. Car, comme le disait si bien Kwame Nkrumah, « l’Afrique unie sera forte,; unie elle pourra parler d’une seule voix ».
Oumar Kateb Yacine
Analyste-Consultant Géopolitique