Les mois à venir vont marquer un tournant important pour l’Afrique centrale, affirme l’ONU

11
SHARES
101
VIEWS
© UNOCHA/Siegfried Modola
Une femme traverse un pont à Bambari, en République centrafricaine.
Malgré les avancées cruciales des pays d’Afrique centrale en matière de stabilité et de coopération, la région est confrontée à de multiples crises et les mois à venir marquent « un tournant important », a déclaré lundi au Conseil de sécurité le plus haut responsable de l’ONU dans la région.

« L’Afrique centrale est plus riche en opportunités et ressources qu’elle ne l’est en défis … mais les mois à venir vont marquer un tournant important pour l’Afrique centrale où des processus politiques et électoraux cruciaux doivent se tenir d’ici à la fin de l’année », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale, Abdou Abarry, devant les Quinze.

Nous veillerons à ce que les épisodes de violence, alimentés notamment par les discours de haine, qui ont, dans le passé, marqué les élections soient évités à tout prix.

« Nous veillerons, avec le soutien précieux du Conseil de sécurité, à ce que les épisodes de violence, alimentés notamment par les discours de haine, qui ont, dans le passé, marqué les élections soient évités à tout prix », a déclaré M. Abarry, affirmant qu’« il en va de la paix et de la stabilité de cette sous-région ».

Présentant le dernier rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Afrique centrale depuis la dernière réunion du Conseil en décembre, le responsable du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) a déclaré que les États progressaient à grands pas dans la réalisation de la vision d’une « région de prospérité ».

Soulignant les succès obtenus dans la résolution des tensions, la réconciliation et la résolution des problèmes de sécurité, M. Abarry a salué les efforts collectifs déployés par les dirigeants de la région, qu’il s’agisse de la sensibilisation au changement climatique ou du dialogue fructueux entre le Tchad et la République centrafricaine (RCA).

L’impact dévastateur de la crise au Soudan

Des inquiétudes subsistent, notamment une augmentation de la piraterie, ainsi que l’impact profond du conflit au Soudan et de la guerre en Ukraine, a-t-il déclaré.

Les combats en cours au Soudan ont des « conséquences humanitaires dévastatrices » pour le Tchad et la République centrafricaine.

Depuis que les combats ont éclaté entre des forces militaires rivales à la mi-avril, un exode de civils fuyant la violence s’est répandu au-delà des frontières voisines. Pour le seul Tchad, 129,8 millions de dollars seront nécessaires pour prendre en charge environ 100.000 réfugiés au cours des six prochains mois.

« Les récents développements à la frontière entre le Tchad et la RCA et l’impact de la crise soudanaise sur ces deux pays nous rappellent qu’il est urgent d’adopter une approche globale des questions de paix et de sécurité en Afrique centrale, une région déjà marquée par la présence d’une multitude de groupes armés et terroristes », a-t-il déclaré.

« Sans une résolution rapide et pacifique du conflit, les effets seront désastreux non seulement pour le Soudan, mais aussi pour tous les pays de la région du bassin du lac Tchad », a-t-il averti, ajoutant que les récentes opérations militaires conjointes du Tchad et de la RCA à leur frontière commune reflètent leur désir de renforcer la coopération bilatérale pour relever les défis communs en matière de sécurité.

L’Impact de la guerre en Ukraine

L’Afrique centrale subit l’impact de la crise en Ukraine, qui se traduit par l’inflation et la hausse des prix des denrées alimentaires de base et du carburant, avec parfois des pénuries.

« Bien que la plupart des Etats aient pris des mesures pour atténuer les effets sur les consommateurs, nous devons rester conscients que la poursuite de la détérioration de la situation socio-économique pourrait conduire à une montée du front social qui serait préjudiciable à la stabilité des pays », a fait valoir le haut responsable onusien.

En 2004, dans le nord de l'Ouganda, les « navetteurs nocturnes » quittaient chaque nuit leur domicile pour se réfugier dans des abris, craignant que les enfants ne soient enlevés de force par l'Armée de résistance du Seigneur (LRA). (archives)
© UNICEF/Chulho Hyun
En 2004, dans le nord de l’Ouganda, les « navetteurs nocturnes » quittaient chaque nuit leur domicile pour se réfugier dans des abris, craignant que les enfants ne soient enlevés de force par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). (archives)

Augmentation de la piraterie

La situation sécuritaire en Afrique centrale a également été marquée par une recrudescence des actes de piraterie maritime dans le golfe de Guinée.

Cette tendance souligne la nécessité de renforcer la coopération interrégionale, en particulier à l’approche du 10e anniversaire de l’adoption du Code de conduite de Yaoundé, a-t-il ajouté, réitérant la volonté de son Bureau de soutenir les efforts visant à renforcer la coordination entre les parties prenantes y compris la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée.

S’attaquer aux causes profondes

Le Représentant a toutefois estimé que, comme le montre la situation dans le bassin du lac Tchad et au Sahel, une réponse purement militaire ne suffira pas à s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité, .  Aussi, il a appelé à prendre des mesures politiques et socio-économiques sont également nécessaires pour empêcher les groupes armés d’exploiter les conflits intercommunautaires, tels que ceux liés à la transhumance.

Les États de la région ont discuté de la gestion transfrontalière des activités des groupes armés et des préoccupations connexes lors d’une récente réunion du Comité consultatif permanent du Conseil de sécurité (UNSAC), a-t-il indiqué.

S’engageant à soutenir les efforts régionaux en cours, il a indiqué qu’une mission conjointe était actuellement déployée, en partenariat avec le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), dans les quatre pays du bassin du lac Tchad afin d’évaluer l’impact de l’extrémisme violent sur les populations locales

Next Post