Plus de 200 enfants demandeurs d’asile, arrivés au Royaume-Uni non accompagnés, sont toujours portés disparus, ont alerté mardi des experts indépendants des Nations Unies, appelant Londres à « assurer la protection de ces enfants sans discrimination et mettre fin à la pratique consistant à placer les enfants non accompagnés dans des hôtels ».
Ces experts ont pris note des informations selon lesquelles 4.600 enfants non accompagnés ont été hébergés dans six hôtels depuis juin 2021, et que 440 de ces enfants avaient disparu et 220 étaient toujours portés disparus au 23 janvier 2023, la majorité d’entre eux étant des ressortissants albanais.
« Nous sommes profondément préoccupés par les informations selon lesquelles des enfants demandeurs d’asile non accompagnés sont portés disparus et courent un risque élevé d’être victimes de la traite au Royaume-Uni », ont déclaré dans un communiqué, Siobhán Mullally, Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, Felipe González Morales, Rapporteur spécial sur les droits des migrants, et Tomoya Obokata, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage.
Les experts ont ainsi exprimé leur inquiétude face à la politique et à la pratique actuelles consistant à loger les enfants demandeurs d’asile non accompagnés dans des hôtels temporaires au lieu de les placer sous la responsabilité des autorités locales.
« Climat d’hostilité croissante à l’égard des migrants »
« La politique actuelle de placement des enfants demandeurs d’asile non accompagnés dans des hôtels les place en dehors du système britannique de protection de l’enfance et est discriminatoire », ont-ils fait valoir, ajoutant que les échecs et les lacunes dans la protection de l’enfance augmentent les risques de trafic.
De plus, cette pratique se serait développée « dans un climat d’hostilité croissante à l’égard des victimes de la traite et des formes contemporaines d’esclavage, des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants ».
« Certains membres du Parlement auraient critiqué les victimes de la traite qui demandent une protection au titre de la loi sur l’esclavage moderne et du mécanisme national d’orientation, sapant ainsi l’obligation de l’État de protéger les victimes et de prévenir la traite et les formes contemporaines d’esclavage », ont regretté les experts.
Face à cette situation, ils ont souligné le besoin urgent de retrouver les enfants disparus et de fournir des conditions d’accueil et de protection conformes aux droits de l’homme aux enfants non accompagnés demandeurs d’asile – sans discrimination fondée sur la nationalité, le statut migratoire, la race, l’appartenance ethnique et/ou le sexe.
« Le gouvernement britannique semble ne pas respecter les obligations fondamentales qui lui incombent en vertu du droit international des droits de l’homme, à savoir garantir l’intérêt supérieur de l’enfant, sans discrimination, et empêcher la traite des enfants », ont conclu les experts, relevant avoir pris contact avec le gouvernement britannique au sujet de ces préoccupations.