« En libérant Pape Alé Niang, les autorités sénégalaises se retirent une grosse épine du pied, qu’ils s’étaient eux-mêmes enfoncée. La détention du journaliste faisait tache au vu du contexte traditionnellement favorable pour la presse au Sénégal. Il faut maintenant normaliser la situation. Et revenir à la normale revient à abandonner toutes les poursuites contre lui.«
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF
La remise en liberté provisoire de Pape Alé Niang intervient après une mobilisation intense des associations de la presse et à la suite d’un appel de 78 journalistes africains et organisations de la défense de la liberté de la presse rassemblés à l’initiative de RSF. Cet appel réclamait aux autorités sénégalaises sa libération et le respect de la Constitution sénégalaise qui consacre la liberté de la presse.
Désormais libre, le journaliste placé sous contrôle judiciaire a interdiction de s’exprimer sur le dossier, de quitter le territoire, et a obligation de remettre son passeport et de se présenter au cabinet du magistrat instructeur une fois par mois.
Le directeur du site d’information Dakar Matin a été arrêté le 6 novembre 2022, et inculpé pour divulgation d’informations “de nature à nuire à la défense nationale”, pour “recel de documents administratifs et militaires”, et pour avoir diffusé de “fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques”.
Six jours après avoir été remis en liberté provisoire, Pape Alé Niang est de nouveau incarcéré le 20 décembre pour « violation des obligations » qui lui « faisaient défense de communiquer sous aucune forme sur les faits objets de poursuite ». Il entame alors une grève de la faim pour protester contre son emprisonnement qu’il considère arbitraire. Il est rapidement hospitalisé, son état de santé étant devenu “très critique” selon ses soutiens.
L’un des moments forts dans la mobilisation pour la libération de Pape Alé Niang a été la visite du secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, au journaliste dans la prison de Sébikotane le 1er décembre 2022.
Le pays occupe la 73e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation en 2022.