Le projet est cofinancé par plusieurs dons : 19,6 millions de dollars du Fonds africain de développement, le guichet de prêts à taux préférentiel du Groupe de la Banque africaine de développement ; 1,6 million de dollars du Fonds vert pour le climat (FVC) dans le cadre de la Facilité de financement « Desert to Power » G5 Sahel ; et 292 000 dollars de l’initiative Power Africa des États-Unis. La Société nationale tchadienne d’électricité assume un financement à hauteur de 138 602 de dollars.
Le projet entre dans le cadre de l’initiative « Desert to Power » dont la feuille de route nationale a été validée par le Tchad. Cette initiative couvre 11 pays du Sahel (Burkina Faso, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan et Tchad) avec un objectif d’accélérer le développement économique dans la région du Sahel à travers le déploiement à grande échelle de technologies solaires.
Le projet a pour objectif d’améliorer l’accès à l’électricité et la qualité de l’énergie fournie. Pour répondre à la demande croissante d’électricité (environ 5% par an), il va aider à augmenter la capacité de production d’énergie électrique propre et durable, notamment dans les zones défavorisées du pays ; de réduire les coûts de production dans certaines localités et de contribuer à améliorer les performances techniques, financières et commerciales de la Société nationale d’électricité (SNE), l’entreprise publique chargée de la production, du transport et de la distribution de l’électricité au Tchad.
Le projet permettra notamment à la SNE d’acquérir et de poser 45 000 compteurs à prépaiement, pour réduire les pertes d’électricité non techniques, d’aménager et d’équiper des postes moyenne et basse tension et de renforcer certains tronçons du réseau de distribution pour réduire les pertes techniques, améliorer le taux d’accès ainsi que la qualité de service.
Le projet va aussi permettre l’hybridation de trois centres de production d’électricité situés à Bongor (250 km de Ndjamena), à Bol (300 km de Ndjamena) et à Biltine (1 000 km), pour réduire les consommations de carburant et, de facto, les coûts de production. Il va permettre aussi d’acquérir et d’installer des équipements informatiques pour la gestion à distance de la distribution et interconnecter douze centres secondaires de production d’électricité pour améliorer la qualité de la facturation et du recouvrement ; et de renforcer les capacités de la SNE et des autres acteurs du secteur énergétique (agence de régulation, ministère de l’énergie).
Le projet devrait aussi contribuer à améliorer la compétitivité des entreprises formelles et du secteur informel, réduire le délai de paiement des clients grâce aux compteurs prépayés, améliorer les délais de paiement des fournisseurs de la SNE, augmenter le nombre de ses clients ainsi que ses effectifs, outre accroître l’offre d’énergie dans les centres de production visés.
« L’intervention de la Banque se justifie par la nécessité d’accompagner le Tchad dans
le processus de sortie graduelle de la situation de fragilité économique et sociale, en contribuant à résoudre la crise énergétique. Nous allons accompagner le Tchad dans la mise en œuvre des réformes et la réalisation d’infrastructures pour faire face aux contraintes et défis majeurs du sous-secteur de l’électricité. Le projet vient s’ajouter à des interventions antérieures de la Banque et d’autres partenaires techniques et financiers, comme l’interconnexion Tchad-Cameroun, et en amplifier l’impact », a déclaré le directeur général pour l’Afrique centrale de la Banque, Serge N’Guessan.
Le projet cible directement 15 000 nouveaux abonnés qui bénéficieront, grâce aux nouveaux compteurs à prépaiement, d’un meilleur accès à l’électricité et suivi de leur consommation énergétique, mais il profitera à toute la population tchadienne. Par ailleurs, l’amélioration de la qualité de service touchera l’ensemble de la clientèle.
Le Tchad a un objectif ambitieux de porter son taux d’accès à l’électricité de 38 % en 2023, contre 6,4 % en 2020.
« La Banque sera l’une des premières institutions à mettre en œuvre un programme
d’hybridation des centrales thermiques au Tchad dont la réussite pourrait entraîner des
duplications dans d’autres localités du pays et avoir un impact très positif sur les coûts
de production et l’environnement », a ajouté le responsable pays de la Banque au Tchad, Ali Lamine Zeine.
Le projet, exécuté dans le cadre du Document de stratégie pays 2015-2020 de la Banque pour le Tchad prorogé jusqu’en 2023, s’inscrit dans la vision 2030 du gouvernement tchadien, intitulée « Le Tchad que nous voulons » et est aussi en phase avec la Feuille de route du gouvernement de transition. Il s’aligne sur la Stratégie décennale de la Banque (2013-2022) et va contribuer à atteindre trois des cinq priorités opérationnelles de la Banque, ses « High5 » : « éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie », « industrialiser l’Afrique » et « améliorer les conditions de vie des populations en Afrique ».
Le 30 novembre 2022, le portefeuille actif de la Banque au Tchad était de 399 millions de dollars pour un total de 40 opérations.