Les effets néfastes de la pandémie ont « servi de révélateur en exposant de nombreux défauts de nos sociétés », tout en fournissant l’occasion de « rectifier nos modes de vie », a déclaré le Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Collen Kelapile, lors du forum annuel sur le développement qui a débuté mardi.
Exploiter les partenariats pour créer un monde de « paix et de prospérité » protégeant les populations et la planète, tel est le principal objectif du forum, a-t-il ajouté, adoptant un ton résolument optimiste.
Le haut fonctionnaire de l’ONU a exposé cinq raisons de son optimisme « contre toute attente », à commencer par les succès obtenus dans le contrôle de la pandémie de COVID-19, dans de nombreux pays.
Tout en reconnaissant ses effets néfastes sur les sociétés, les personnes et le programme de développement mondial, il a déclaré que la pandémie a également « servi de révélateur en exposant de nombreux défauts de nos sociétés ».
L’occasion de « rectifier nos modes de vie »
Elle a ainsi fourni l’occasion de « rectifier nos modes de vie… [et] d’améliorer la résilience de nos systèmes socio-économiques et de santé ».
M. Kelapile a mis en avant le « plan directeur » existant pour ancrer la reprise, à savoir le programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses 17 objectifs de développement durable (ODD).
Malgré la hausse de l’inflation, les perturbations majeures de la chaîne d’approvisionnement, les incertitudes politiques et l’endettement insoutenable des pays en développement – autant de facteurs qui ont ralenti l’économie mondiale – M. Kelapile a cité les dernières prévisions du rapport World Economic Situation and Prospects, qui tablent sur une croissance mondiale de 3,1%.
« Un bon nombre de pays institutionnalisent les mesures de protection sociale qu’ils ont mises en place pendant la pandémie… et [de nombreuses] organisations se tournent vers une économie respectueuse de la nature », a-t-il souligné.
Sur la bonne voie
Troisième raison d’espérer : bien que les pays n’aient pas atteint l’objectif de vacciner 70% de leur population contre le virus d’ici au mitan de cette année, « COVAX et le centre de transfert de technologies pour les vaccins à ARN peuvent nous aider à aller plus loin », a-t-il déclaré.
Outre leur potentiel en matière de couverture vaccinale mondiale, de protection des systèmes de santé et de réduction des risques liés aux nouveaux variants, le haut fonctionnaire de l’ONU a relevé un certain nombre de solutions économiques, financières et sociales existantes, et d’autres en cours de déploiement, notamment une augmentation des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI), des actifs de réserve pouvant être échangés entre pays en contrepartie de liquidités ou d’espèces.
« Nous connaissons les défis et les solutions. Ce dont nous avons besoin, c’est de la détermination, du courage, de la confiance et de la solidarité pour les mettre en œuvre », a déclaré le chef de l’ECOSOC.
La Vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a elle noté « une illustration frappante des revers » causés par la pandémie, les conflits et la triple crise environnementale du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution, qui ont eu un impact sur l’éducation, les soins de santé, l’égalité des sexes et l’économie.
Cependant, elle a déclaré qu’ils étaient aussi « porteurs d’espoir », en attirant l’attention sur les programmes de transferts monétaires, les moratoires sur la dette des entreprises, les plans de résilience nationaux et les plans de relance gouvernementaux, qui ont apporté un « soulagement crucial ».
« Ils signalent l’engagement inébranlable des pays en faveur du développement durable face aux crises actuelles et nouvelles », a déclaré Mme Mohammed. A mi-parcours du calendrier du Programme 2030, elle a évoqué des retards et des transitions nécessaires en matière d’énergies renouvelables, de systèmes alimentaires et de connectivité numérique.
Pauvreté galopante
Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le rapport d’étape du Secrétaire général sur les ODD, ainsi qu’un autre rapport sur les scénarios à long terme faisant le point sur les récentes tendances technologiques et politiques ayant une incidence sur les ODD.
Il a souligné que, par rapport au niveau pré-pandémique, 75 à 95 millions de personnes supplémentaires sombreront dans l’extrême pauvreté en 2022.
« On ne soulignera jamais assez le besoin urgent de solidarité internationale et de coopération multilatérale », a déclaré le chef du Département des affaires économiques et sociales (DESA). « Nous devons rester engagés sur la voie de la prospérité, centrée sur les personnes et la planète, que nous avons définie dans l’Agenda 2030. Cela ne peut se faire que si nous agissons tous ensemble ».
Dans ses remarques, Natalia Kanem, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), a attiré l’attention sur la manière dont la santé et les droits sexuels et reproductifs accélèrent les ODD.
« Le droit à la santé sexuelle et reproductive, c’est-à-dire le droit de prendre des décisions concernant son propre corps et son avenir, est essentiel à l’égalité des sexes », a-t-elle expliqué.